CULTURE

« Les Lettres Persanes » de Montesquieu *

Adaptation et mise en scène de Guillaume Clayssen.
Au Siècle des Lumières, “Les Lettres Persanes” témoignaient déjà de la lutte de Montesquieu contre toutes les formes d’obscurantisme et aujourd’hui, plus jamais, ce fléau envahit les sociétés contemporaines. Dans cette œuvre littéraire célèbre, le voyage de l’Orient à l’Occident de deux compatriotes persans de culture musulmane Usbek et Rica  nous entraîne dans les dédales politiques, sociologiques et philosophiques de 2 civilisations, sinon antagonistes, en tous les cas bien différentes. Nos lois, nos mœurs et même la chrétienté des européens,
sans oublier nos gouvernants sont observés avec critique pour l’un et non sans humour pour l’autre. Les échanges épistolaires avec l’Orient nous révèlent notamment la vie de ces femmes enfermées dans un sérail et surveillées par des eunuques pour le moins barbares et avides de pouvoir.
L’inquiétude de ces 2 personnages qui s’interrogent et l’obscurantisme dénoncé  hier par Montesquieu, ces préoccupations ne rejaillissent-elles pas aujourd’hui dans le monde, comme une résurgence du passé ? La réponse de Guillaume Clayssen est probablement, entre autres, dans l’évocation de la Révolution iranienne de 1979 qui a porté Khomeini au pouvoir.

C’est dire à quel point ici, le travail de réflexion et de recherche du metteur en scène, mis au service du théâtre, est indispensable quand il sélectionne certaines Lettres de Montesquieu et qu’il complète l’œuvre dans une adaptation “en écho au monde contemporain”. 

affiche des lettres persanes

Le théâtre, ce théâtre-là de Guillaume Clayssen peut nous aider à y voir un peu plus clair, à explorer, à comprendre… Si le regard de Montesquieu à travers les protagonistes persans est volontairement exagéré, il n’en demeure pas moins que sur les femmes son regard est empreint d’humanité.
Que ce soit dans Les Lettres Persanes ou dans celles conçues par le metteur en scène, nous sommes en présence d’une écriture et d’une pensée qui suscitent l’interrogation et la comparaison face aux préjugés de toutes sortes.
Que ce soit le despotisme et la polygamie des uns ou bien l’absolutisme et la monogamie des autres où est le bon endroit ? Y aurait-il  une hiérarchie dans l’appréciation de la culture des peuples ?… Autant de questionnements qui s’offrent à nous spectateurs, devant un espace scénique agréablement confortable où les comédiens évoluent avec conviction et talents dans des costumes inventifs, dans des rôles dédiés à la polyphonie. Les mots jaillissent, les voix se croisent et s’entrecroisent, douces et tendres tandis que des chants poétiques émane le reflet d’un monde en souffrance.
Le comédien et chanteur : Olav Benestved.
Les comédiens (es) : Eram Sobhani, Floriane Commeleran, Hugo Dillon.
La chanteuse : Emmanuelle de Gasquet.
Le musicien : Nicolas Laferrerie.
Le photos sont de Virginie Puyraimond

 

duo lettres persanes virginie puyraimondUn langage théâtral à voir et à entendre.
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* L’Etoile du Nord 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris  Réservations : 01 42 26 47 47 / www.etoiledunord-theatre.com
  Jusqu’au 13 février 2016
* du 10 au 13 mai 2016 Les Taps à Strasbourg
* en octobre 2016 à Colmar
Plus d’informations auprès de la Compagnie des Attentifs : www.lesattentifs.com
                                                                                               Lydie-Léa Chaize, journaliste

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