Monts et merveilles, miracles et mystères dans le #DivinVaucluse (6) par Daniel Dray
« Vaucluse, terre de festivals, Vaucluse, département du Ventoux et du Luberon, Vaucluse terroir de vins exceptionnels, fruits, légumes et patrimoines…« a pu dire le sociologue Jean Viard, habitant de ce département du sud-est de la France, depuis plus de 30 ans…
Tout ce mois de juillet dans notre série #Divin Vaucluse, nous avons tenté d’illustrer les divers aspects de ce département qui est un peu le condensé de cette France paradoxale, ballottée entre ses démons identitaires et les diamants de son terroir, territoire rural qui attire les touristes et les artistes, refuge des « bobos » et retraités, département agricole où paysans, agriculteurs, producteurs de fruits et de légumes, vignerons vivent et y travaillent souvent depuis des générations,… Une terre aussi riche en sous-sol que sous le soleil, triangle d’or immobilier à la pointe de ce Parc naturel régional du Luberon mais qui est toujours le septième département le plus pauvre de France !
Le Vaucluse est disparate et constitué de nombreuses localités éloignées les unes des autres et si vous venez par ici cet été, au cœur de la Provence, à une petite centaine de kilomètres de la Côte d’Azur et des plages bondées et bouillantes de la Méditerranée, si vous venez découvrir ou redécouvrir le Vaucluse, ses chants de cigales et ses champs de lavande, les cyprès et la faïence, ses balcons de lumière et ses terrasses de pierre sèche… voici, dans ce dernier volet, quelques sites méconnus qui racontent aussi son histoire…et, comme en bonus, certaines adresses incontournables.
Près de Gargas, au pied du Luberon : les mines du Bruoux ou l’histoire de l’ocre!
L’histoire de ce site est celle d’une crise agricole et d’un or rouge qui dormait tout près. En 1848, commence l’épopée des mines d’ocre de Bruoux, site unique en France, qui perdure grâce aux visites de cette étonnante cathédrale souterraine. Un circuit de 650 m de galeries est ouvert pouvant atteindre 15 m de haut au sein d’un réseau de plus de 40kms. Le site raconte l’épopée de ces mineurs sous les vignes, celle de l’ocre utilisé depuis la Préhistoire. Ils y ont déterré cet “or” qui servait à divers pigments appliqués (enduits, cosmétiques, beaux-arts, industries…).
Gargas est le seul territoire à regrouper toute l’histoire de l’exploitation de l’ocre du Luberon, de ses débuts jusqu’à ce jour avec la dernière carrière d’Europe en activité. Alors que les carrières de Rustrel (appelées aussi Colorado provençal) et de Roussillon sont à ciel ouvert, celles du Bruoux sont souterraines. Vous aurez ainsi l’occasion de découvrir les galeries souterraines d’où l’ocre est extraite. Creusées le plus souvent à la main, elles offrent toujours un festival unique de couleurs et de sensations « La température dans les galeries avoisinant les 11 °C et le taux d’humidité étant important, il est prudent de prévoir des vêtements adaptés. Les visites sont ouvertes du 1er mai au 15 novembre ».
A l’extérieur, une grande esplanade, un jardin, des sentiers de promenade.. Le bâtiment d’accueil s’intègre harmonieusement au site. Un théâtre de plein air au mur de scène ocre accueille des manifestations et des concerts dans cet environnement exceptionnel.
www.minesdebruoux.fr
Sur la côte de Gordes, le village des Bories : un village de pierres sèches!
Niché sur les flancs sud des Monts du Vaucluse, Gordes, sacré plus beau village du monde par les Américains de CNN en 2012, fait face au Luberon. C’est au détour d’une route sinueuse qui serpente entre les murets de pierres sèches et les champs d’oliviers que l’on plonge dans l’histoire.
Classé monument historique, un village, une trentaine de cabanons de pierres sèches qui ont été ressuscitées au prix d’un travail de fourmi, pendant 10 ans. Un travail d’autant plus complexe que ces constructions nommées « bories », aux formes simples, sont des chefs d’oeuvre architecturaux, par le savant empilage des pierres non jointées avec une voûte « en encorbellement ». Elles étaient fermes, fournil, granges, magnaneries, poulaillers… construites avec les pierres ramassées alentours. Un voyage dans le temps, en harmonie avec les éléments naturels de l’endroit entre austérité et douceur.
www.levillagedesbories.com
A Gordes, les Caves du Palais St Firmin : la vie sous la ville!
Gordes, c’est le village où la pierre règne en maître. Son château de style Renaissance, son imposante place centrale très prisée des artistes et où trône son château, ses ruelles pavées et pentues « en calades » qui serpentent entre ses maisons vêtues de calcaire, ou ses bories omniprésentes… On y découvre également à travers les caves du Palais Saint-Firmin l’histoire souterraine du village, propre à cet éperon rocheux qui a su garder toute son authenticité.
Les Caves du Palais saint Firmin : c’et l’envers souterrain de Gordes, le village perché sur les hauteurs. Les anciennes carrières de Gordes du nom de Saint-Firmin ont donné naissance à des habitats troglodytes.
Ce qui ne veut pas dire rudimentaire puisque que dans ce site classé aux Monuments historiques, rien moins qu’une chapelle du 12/13è siècle, extension d’un prieuré roman, un moulin où l’on pressait l’huile, dans un véritable dédale de caves sur sept niveaux , cinquante salles, des escaliers, des pièces de stockage, des citernes, un four à pain
Les villages perchés de Provence possèdent un aspect méconnu… et Gordes ne déroge pas à la règle. Depuis le XIè siècle, les activités agricoles et artisanales se sont développées dans les soubassements du village. Unique ensemble de ce type ouvert au public, les Caves du Palais Saint Firmin offrent un voyage dans le temps hors du commun.
www.caves-saint-firmin.com
Traversons les Monts du Vaucluse en direction du Ventoux : le Château du Beaucet trône au sommet du village et offre un panorama à couper le souffle !
Figure emblématique du village troglodyte du Beaucet, le château constituait une véritable place-forte érigée au XIIe siècle par les Comtes de Toulouse. Restauré au XVIe siècle, le château qui comptait jusqu’à 15 pièces d’habitation, fut détruit par un violent incendie en 1783. Il passe ensuite entre divers propriétaires privés jusqu’à son acquisition par la commune dans les années 80 qui le transforme en salle de conférence, lieu d’exposition et de banquet…
Le projet retenu envisage un centre de restauration des archives liées au patrimoine. Une salle de conférence permettant la tenue de séminaires sur la pierre et le patrimoine jouxtera une salle voûtée réservée aux artistes. Le site dans son ensemble intégrera quelques hectares aménagés en espace Land’Art pour des expositions à ciel ouvert. Le tout sera sécurisé et aménagé pour l’accueil des visiteurs et touristes.
www.lebeaucet.com
Pour terminer une petite légende qui fait toujours le charme de la Provence: tout près du château, la Fontaine du Beaucet.
L’histoire de Saint Gens qui fit jaillir en ce lieu une source miraculeuse, à l’origine de l’un des pèlerinages les plus célèbres de la région. Aujourd’hui, on se rend encore à la Fontaine du Beaucet pour invoquer saint Gens, afin d’éloigner la fièvre,
Une légende qu’a célébré Frédéric Mistral, écrivain et poète français, dans son œuvre capitale Mireille, Mirèlo (Un Roméo et Juliette provençal), écrite en provençal, qui fut récompensée par le Prix Nobel de Littérature en 1904. L’Académie suédoise accompagna l’attribution du Nobel à Mistral en ces termes : « en considération de sa poésie si originale, si géniale et si artistique, […], ainsi qu’en raison des travaux importants dans le domaine de la philologie provençale ». La légitimité poétique de la langue provençale était ainsi reconnue à l’échelle internationale.
Et puis quelques adresses incontournables :
Le Domaine de la Coquillade à Gargas dessiné comme un véritable village au cœur d’un domaine viticole. Autour d’une demeure du VIè siècle, d’autres demeures sont sorties de terre au milieu des vignes, des ocres et de la lavande, qui bénéficient de l’écolabel européen « Relais et Châteaux ».
Alors bien sûr il y a son hôtel 5 étoiles et ses 63 chambres et suites, son Spa de 1500 m²,avec piscines, sauna, hammam et parcours sensoriel … sa table Gastronomie Gourmet étoilée avec son chef Christophe Renaud… Tout vaut le détour mais tout dépend de votre budget!!
Mais pour le moment de détente et la vue sur le domaine viticole de 36 ha (avec dégustation de sa gamme Aureto), vous pouvez juste choisir le Menu Bistrot (avec formule à 34€) ou bien encore le Ristorante avec ses spécialités ttaliennes (Pizza/Pasta dès 20€) ou alors tout simplement au Kiosque, un verre à l’heure de l’apéritif…
www.coquillade.fr
Toujours au pied du Luberon, entre Roussillon et Gordes, Le Phébus à Joucas.
Le Phébus est un mas construit en pierres sèches où les suites s’ouvrent sur les eaux tranquilles de leurs propres piscines privées. Rebâti sur des vestiges datant des chevaliers de l’ordre de Malte, ce joyau de l’hôtellerie est un lieu où il fait bon s’abriter lorsque le Mistral souffle sur la garrigue et se ressourcer grâce aux soins aux huiles essentielles de lavande du spa. La table fait revivre avec grand art de traditionnelles recettes provençales et le chef Xavier Mathieu signe une magistrale soupe au pistou de légumes au basilic et à l’ail.
www.lephebus.com
Entre Carpentras et les premiers lacets du Mont Ventoux: Le Restaurant Gajulea au Barroux. Michel Philibert, maître cuisinier de France, spécialiste de la truffe propose une cuisine riche en saveurs, à base de produits de saison issus de son terroir. Il faut l’écouter parler de sa cuisine: « La truffe est assez facile à cuisiner, mais elle ne tolère pas l’erreur. Il ne faut pas la brutaliser. Il faut la considérer avec délicatesse tout en douceur en respectant sa fragilité,comme pour une femme…!!! » (Sûr à déguster sans modération et sans sexisme primaire !! NDLR)
www.gajulea.fr
A Mormoiron, au pied du Ventoux, le Domaine viticole de Château Pesquié.
Depuis 3 générations, la famille Bastide-Chaudières bâtit sur l’un des plus anciens sites viticoles de France. Ici on songe aussi à l’avenir et à l’agriculture éco-responsable protégeant les sols calcaires de tout produit chimique. Cela donne des vins puissants aux arômes de fruits multiples… On y visite les vignobles et jardins aux nombreuses fontaines mais aussi le domaine en dégustant quelques crus… On y est même invité à trouver un superbe lieu ombragé pour pique niquer et l’on vous offre le vin (voir ici ).
www.chateaupesquie.com
La boutique des « Paysans Nougatiers » Silvain à Saint-Didier
Ces « Paysans Nougatiers » comme se présentent les Silvain, depuis six générations, élaborent un nougat dont les ingrédients sont produits sur place. Les amandes de leur exploitation et le « miel de lavande » de leurs 200 ruches situées entre Mont Ventoux et Luberon. Vente de nougats, pâtes de fruits, miel et autres produits de confiserie « faits maison ». A savourer sur place les Nougalettes. Salon de thé, espace glacier de juin à septembre.
www.nougats-silvain.fr
« Le voyage en pays de Vaucluse est une véritable fête pour les sens. Classé réserve de biosphère par l’Unesco pour la richesse de son patrimoine naturel et culturel, ce « morceau de Haute-Provence » est une invitation permanente à « la dolce vita » peut-on lire dans un des nombreux flyers qui lui est consacré mais au-delà des clichés, Jean Giono, l’un des rares écrivains à être né et mort en Provence (à Manosque), et dont un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal disait, déjà, le siècle dernier: «… la Provence dissimule ses mystères derrière leur évidence… Ici, les femmes et les hommes, les murs et les lumières, les goûts et les couleurs, jouent au milieu de paysages contrastés, entre moyennes montagnes, collines, gorges et vallées. .. entre ciel et terre !! »
Ultime précision mais pas la moindre: cette balade nous avons pu la faire, à certains moments, soit en mode vintage, grâce aux véhicules de collection Citroën 2CV de la quarantaine de passionnés du Club du Luberon-Ventoux , soit en version vélo électrique avec www.location-velo-electrique-terrabike.fr qui nous a permis de sillonner, sans trop d’efforts, les petites routes vallonnées, bordées de vignes et de cerisiers avec pour toile de fond l’impressionnant Mont Ventoux… Et nous avons apprécié !!
Photos:DR
www.vaucluse.fr
www.provenceguide.com
Daniel Dray pour www.lefrancofil.com