CULTURE

« Je dois tout à ma mère » de et avec Philippe Honoré *

Nous connaissions le savoir-faire de Philippe Honoré comme metteur en scène et son goût pour l’écriture. Aujourd’hui nous découvrons un Philippe Honoré, comédien talentueux qui ose les planches pour la première fois et là, il prend possession de la scène comme un torero prend possession de l’arène !..

Cette pièce à suspens finement écrite nous invite à réfléchir sur les rapports mère/fils, si tant est que chaque garçon ait eu une mère hystérique, tyrannique, égoïste, exigeante et  castratrice, – rien que cela ! – à l’instar du personnage François Frin, homme à la quarantaine bien tranquille qu’interprète Philippe Honoré.
« Buter ma mère » est comme un leitmotiv,  une idée obsessionnelle que l’on entend tout au long de cette pièce. Mais, comment faire ? Bien évidemment,
c’est son meilleur ami qui lui suggérera de prendre un  tueur à gage !!!
Alors,  dans un état jubilatoire Philippe Honoré, interprétant tous les personnages et évoluant sur une musique chaque fois différente à l’unisson de chacun de ses états d’âme,  est tour à tour enthousiaste, machiavélique et révolté.
Dans un moment fort et particulièrement beau, le comédien avec une étonnante aisance esquisse quelques pas de dance sur la fameuse musique du film
« Le Parrain » évoquant en nous ces paroles  « Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre….car, l’Amour rime avec la mort  ». Là, on sent bien que le comédien se défoule, s’imaginant en commanditaire d’un assassinat et, pourtant ça n’était qu’un moment illusoire puisque, plus loin, il dira « avec ou sans souffrance je n’ai pas l’étoffe d’un héros ! »
Quoiqu’il en soit, mère affublée ou non de tous les défauts du monde, il ne parviendra pas à cacher son angoisse à l’idée de ce projet grotesque, aussi sans
vouloir dévoiler la fin de ce terrifiant thriller, on aurait aimé une fin plus glorieuse au regard du projet machiavélique de ce fils dont les sentiments éminemment contrastés Haine/Amour nous questionnent tous autant que nous sommes parents/enfants/ filles ou garçons,  mais allez donc savoir ce qui se passe dans
les arcades d’un crâne humain quel que soit son âge !…

Rires grinçants, suspens efficace, mise en scène sobre, création sonore adaptée aux lieux et aux situations, tous les ingrédients sont réunis pour un savoureux moment de théâtre qui n’est pas sans rappeler cette phrase de Freud :
« Le complexe d’Oedipe est quelque chose de si important, que la manière dont a donné dedans
et dont on en est sorti, ne peut pas ne pas avoir de conséquences ». A méditer !…

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 *  Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs 7506.                          
     Réservations : 01 45 44 57 34 / www.lucernaire.fr
     Jusqu’au 19 avril 2014, du mardi au samedi.

                                                                                        

                                                                                                  Lydie-Léa Chaize

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