Liban, vins et vignobles : comment ne pas être admiratif ! par François Collombet
Le vin, pas la guerre ! la vigne pas le cannabis ! la prospérité, pas le cataclysme économique que connaît le pays actuellement ! Serait-ce la promesse d’un Liban qui pourrait un jour, en paix et dans la prospérité, profiter de son immense potentiel viticole.
par notre confrère et oenologue François Collombet
Le pays du cèdre qui fêtait en 2020 ses 100 ans d’existence, est devenu aujourd’hui « le nouveau monde viticole ». Pourtant sa viticulture a plus de 6000 ans. Si quelques grands domaines : Kefraya, Ksara, Musar, Wardy, Marsyas, Khoury, Ixsir, Saint-Thomas sont connus internationalement, tant d’autres, plus petits sont à découvrir pour l’exceptionnelle qualité de leur production. Presque tous ont fait de la plaine de la Békaa, longtemps zone de conflit, le long de la frontière syrienne, l’un des plus beaux vignobles du monde. Enfin, sujet de fierté pour le vin libanais ! Dans la catégorie Vin Rosé, c’est un Ixsir Grande Réserve 2018 qui a été désigné comme meilleur rosé du monde 2021 à l’occasion du concours Best Wine of the World.
Le vin libanais face à un dollar qui a perdu 90 % de sa valeur
Si la dégringolade de la livre libanaise semble stoppée fin septembre 2021, il faut se rappeler qu’en 1997, elle avait été indexée au dollar sur la base d’un taux de 1 500 livres. Cette parité resta stable pendant plus de vingt ans. Mais aujourd’hui, elle a perdu 90 % de sa valeur face au dollar sur le marché noir. Fin 2020, l’inflation dépassait les 140 % et les prix des denrées alimentaires avaient déjà été multipliés par cinq depuis le début de la crise, selon les chiffres officiels. Enfin, le salaire minimum fixé à 675 000 livres, équivaut désormais à près de 68 dollars (58 €). A titre de comparaison, une bouteille de vin coûte aujourd’hui en moyenne au Liban, l’équivalent de 8 €. Mais si le marché national du vin s’est effondré, heureusement dans bien des domaines viticoles, les exportations sauvent l’activité sachant que l’explosion survenue au port de Beyrouth n’a pas touché les quais recevant les porte-conteneurs.