CULTURE

« Psyché » de Molière

veronique-vella-2013A la demande de Louis XIV, cette tragédie-ballet a été écrite, un peu dans la précipitation, avec l’aide de Corneille pour l’écriture, de Quinault, l’acteur en vogue de l’époque pour les chansons, et de Lully pour les intermèdes musicaux.

Aujourd’hui, Véronique Vella met en scène cette pièce dans la somptueuse salle Richelieu de La Comédie Française, récemment restaurée où les amours tumultueuses de Psyché et Cupidon nous sont contés : une jeune princesse est si belle qu’elle attire à elles tous les cœurs et que les temples de la déesse de l’amour sont désertés, ce qui naturellement provoque le courroux de Vénus. Cherchant à se venger, elle somme son fils Cupidon d’inspirer à Psyché une flamme sans retour pour l’être le plus vil qui soit, elle qui jusqu’alors ne se laissait émouvoir par l’ardeur d’aucun de ses soupirants, aussi aimables soient-ils. Mais, ce n’est que peine perdue ! Cupidon épris de Psyché cherche à la soustraire de la furie de sa mère. Commencent alors les bonheurs, les heurts et les malheurs…

La mise en scène de Véronique Vella prend ses distances avec le texte non en le modifiant mais en apportant des jeux de scène, exploitant ainsi les ressorts de la « vis comica » de Molière. Il en résulte de grands moments de rire qui ne s’accordent pas toujours avec la tonalité plutôt grave de « Psyché ». Hormis cette très légère dissonance, il faut bien admettre que le parti-pris du comique est souvent bienvenu, notamment lorsque les deux sœurs de Psyché, jalouses de la beauté et de la bonne fortune de leur cadette, jouent des claquettes pour attirer sur elles, l’attention des galants. Leur dépit est irrésistible de drôlerie !

Quant à Psyché, plutôt douce et réservée, chez Apulée, distante même, un brin inaccessible à ses semblables, déjà immortelle par son alliance avec un dieu, elle nous apparaît sous les traits d’une gamine vive, presque pétulante même, et effrontée parfois. Cela la rapproche de Cupidon, un enfant qui, d’emblée se prend du désir de grandir et d’aimer à son tour.

Le jeu des acteurs montre bien la violence des confrontations. Et, Vénus, plus que tous autres, la belle et majestueuse Sylvia Bergé est impressionnante dans sa terrible tyrannie.

Les costumes mêlent l’ancien au moderne : apparat des principaux protagonistes, anonymat contemporain du coryphée, hommes et femmes confondus vêtus de longs pardessus et chapeaux-melon bleus évoquant des figures de Magritte. Affublés de leurs attachés-case, ils sont les bureaucrates surexcités, joyeux et babillards d’un monde régi par les dieux !

Les somptueux décors soulignent la beauté des scènes qui se déroulent dans le palais de Cupidon et sur l’Olympe, comme pour mettre en exergue la magnificence des dieux… C’est ainsi qu’au final, dans une scène superbe, nous apparaît dans un décor qui exalte sa toute-puissance, un Jupiter sur une éminence surplombée par les astres. Ce dieu des dieux autorise l’union de Cupidon et Psyché(=âme) qui, portée et enlacée par l’amour, devient immortelle….

Un spectacle placé parfois sous le signe d’une comédie musicale des années 50 dont la musique a été confiée à Vincent Letrem. Un ensemble théâtral qui a su préserver le mythe aussi bien dans le texte de Molière que dans la mise en scène de Véronique Vella. Les amendements et enrichissements qui lui sont apportés nous invitent le repenser, tant il est vrai que sa malléabilité prouve sa pérennité.

A voir et à (re)découvrir dans ce lieu magique!

                                                                                         19 décembre 2013

                                                                                  

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* La Comédie Française, place Colette 75001.
   Réservations : 0825 10 1680 /
www.comedie-francaise.fr      

Jusqu’au 4 mars 2014

                                                   Lydie-Léa Chaize

 

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