CULTURE

Théâtre « Peer Gynt » de Henrik IBSEN

peergyntLa pièce « Peer Gynt » de Henrik IBSEN à l’honneur dans le Salon du Grand Palais *

 

La Troupe de la Comédie-Française s’est déplacée dans ce vaste espace qu’est le Salon d’Honneur de 1200 m 2 , spécialement restauré et aménagé pour donner toute l’ampleur et la magnificence à l’une des plus importantes pièces écrites par Ibsen. En avant-goût de la culture théâtrale et pour accéder au lieu du spectacle, nous pouvons apercevoir sous la Nef du Grand Palais les impressionnantes réalisations plastiques de Daniel Buren, célèbre pour ses colonnes du même nom près des jardins du Palais Royal.

Pour en revenir à cette pièce, Ibsen disait lui-même « Je n’ai jamais rien écrit d’aussi fou ». Certes, cette pièce est folle, pleine de burlesque ( parfois trop ! ) et d’extravagance mais, Peer Gynt ce personnage faible, sans réelle volonté si ce n’est celle d’assouvir des désirs pitoyables, est également pathétique dans ses errances et ses malheurs, face au constat final de la vacuité de l’existence. Hervé Pierre, tout récent sociétaire de la Comédie-Française, l’incarne avec talent et nous enchante par sa gourmandise explosive aux multiples facettes. Et, que dire de sa mère (alias Ase) Catherine Samie, majestueuse dans son allure, sa présence, sa voix, sa diction parfaite. On ne s’en lasserait pas !

Ce conte lyrique d’inspiration philosophique, sous forme d’un spectacle étourdissant, est originalement mis en scène et scénographié par Eric Ruf qui n’en est pas à son premier coup de maître puisque, sociétaire de la Comédie-Françaises depuis 1998 il a réalisé moult décors du répertoire de cette auguste institution. Ici, le spectateur est installé sur des gradins de part et d’autre d’un chemin cahoteux (comme la vie !) et devant lui se déroule cette saga :

 

« C’est comme un fjord naturel…une grande route sur laquelle défilent et se perdent nos fantômes et nos rêves » sic. Tour à tour, dans des décors et accessoires très imaginatifs sans cesse renouvelés (lampadaires, arbres, lit, carriole, mâts, vaisseau, …) et dans une sorte de parade infernale, tous les personnages, comédiens et chanteurs évoluent, enrichis de costumes fantastiques, folkloriques, colorés, exhubérants, féeriques, conçus par Christian Lacroix dont la réputation n’est plus à faire ! Une délectation visuelle !

 

Après quelques années d’une vie faite aussi d’errances en Europe, Henrik Ibsen est retourné, vieillissant et nostalgique dans sa terre natale, la Norvège dont il n’a jamais oublié la vie de ses compatriotes : « J’ai décrit, dit-il, ce que j’ai vu de mes propres yeux autour de moi. Je l’ai inclus… Et des entrailles de la terre tournoient des êtres aux visages de bêtes dissimulés,… des femmes et des hommes, tels que je les connaissais dans la vie. » Nul doute que cet écrivain prolifique aurait été heureux, tout comme le spectateur d’aujourd’hui, d’assister à cet évènement grandiose que l’on doit à toute la troupe de notre chère Comédie-Française.

Un grand moment de théâtre à ne pas manquer !

 

* Salon d’Honneur du Grand Palais, accès Square Jean Perrin, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris, jusqu’au 14 juin 2012 (durée 4 h 30 avec un entracte)

 

                                                                                                        Lydie Léa Chaize, journaliste. 

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